Le jaune était l'une des premières couleurs à être utilisées par les êtres humains. Les pigments naturels jaunes, tels que l'ocre jaune, étaient utilisés pour créer des peintures rupestres dans les grottes préhistoriques.
Dans les civilisations anciennes, le jaune s'associait souvent au soleil et à la divinité. Les Égyptiens, par exemple, utilisaient des pigments jaunes pour décorer leurs tombes et leurs œuvres d'art.
Dans l'Antiquité grecque et romaine, il avait l'utilité d'orner les vêtements, les tissus et les objets d'art. Cependant, l'obtention de pigments jaunes était parfois difficile. Ce qui en faisait une couleur réservée aux élites et aux personnes riches.
Le jaune est une couleur fragile ! Si vous êtes familier de la peinture, vous saurez qu'une goutte d'une autre couleur fait virer votre jaune au caca d'oie !
Avec le Christianisme, le Moyen Âge dégrade la valeur associée au jaune. Après l'échec des Croisades, on cherche des ennemis à l'intérieur du pays. On crée des codes d'exclusion, des vêtements d'infamie pour stigmatiser. Judas est d'abord représenté avec les cheveux roux, puis porte une robe jaune à partir du XIIe.
Jaunes donc aussi, la rouelle ou l'étoile qui désigne les Juifs à partir du XIIIe siècle dans les villes européennes ; un signe que les Nazis reprendront dans les années 1930.
Le jaune devient la couleur de l'ostracisme. La symbolique médiévale fait du jaune la couleur des tricheurs, des traîtres, des félons, du mensonge, de la maladie.
À la Renaissance, la redécouverte des pigments antiques et la diffusion des échanges commerciaux ont permis un renouveau de l'utilisation du jaune dans l'art. Des pigments plus stables et vibrants ont été utilisés dans les peintures à l'huile et les œuvres d'art.
La couleur dorée absorbe les symboles positifs du jaune - soleil, joie, puissance.
Le jaune devient une couleur mate, triste, qui rappelle l'automne ou le déclin. Il est associé au soufre, dont on croit que les vapeurs provoquent un rire démoniaque, un “rire jaune”.
Il est aussi associé à la folie. Les bouffons ou les fous en sont vêtus. On peint en jaune la maison des faux-monnayeurs.
Au XIXe siècle, les époux trompés, cocus (le fameux jaune cocu), sont caricaturés en costume jaune.
Au XXe siècle, les artistes modernistes ont utilisé le jaune de manière créative pour explorer de nouvelles idées artistiques et conceptuelles. Des mouvements comme le fauvisme (Van Grog) ont utilisé des couleurs vives et non réalistes, y compris le jaune, pour exprimer des émotions et des impressions.
Le jaune se réhabilite doucement : il se modernise avec le “maillot jaune”, inventé en 1919 par l'ancêtre de L'Équipe. Il devient synonyme de “leader” en France ou en Italie alors que le doré chrétien cesse d'être son rival, l'orangé le concurrence, symbole de joie et de dynamisme.